Publié le 17 avril 2023 – Par Ludovic Vimond

Dans le Calvados, la famille David a investi dans un andaineur à tapis, afin de conserver le maximum de feuilles dans son fourrage en partie constitué de légumineuses.

 

« L’andaineur à tapis est l’outil idéal pour récolter intégralement les légumineuses dans nos terres caillouteuses », an- nonce François David, associé de la SCL de la Félière. Basée à Missy, dans le Calvados, la société civile laitière (SCL) s’appuie sur trois EARL et un Gaec, détenus par deux frères François et Frédéric David et leurs deux cousins Thierry et Richard. Ces quatre structures affichent un contrat laitier de 2 580 000 litres et exploitent ensemble 590 hectares de prairies et de cultures. « Nous avons entamé la conversion vers l’agriculture biologique le 15 mai 2021, explique François David, démarche qui va s’achever dans quelques semaines. Dès lors, il a fallu revoir complètement notre mode de production de fourrages. Jusque-là, nous fonctionnions sans pâturage, sur la base de maïs ensilage. » Depuis 2021, l’alimentation se compose d’ensilage d’herbe à dominante de légumineuses et de maïs récolté en ensilage d’épis pour apporter la valeur énergétique. Une trentaine d’hectares de pâtures ont été implantés autour de la stabulation pour les vaches laitières.

 

François David, un des quatre associés de la SCL la Félière (à gauche) et Yohann Supper, son salarié, apprécient la qualité de ramassage de l’andaineur à tapis. ©L. Vimond

 

UNE SURFACE EN HERBE EN AUGMENTATION

Cette transformation profonde du mode de production de l’alimentation du bétail s’est accompagnée d’une réflexion autour de l’équipement. « Les surfaces en herbe fauchées ont considérablement augmenté, explique François David. Il nous fallait du matériel procurant de gros débits de chantier. Et surtout qui préserve la qualité des fourrages, notamment les légumineuses. »

Ce fourrage étant destiné à être ensilé, les associés ont préféré découpler la fauche de l’andainage, ce qui leur permet de gagner 24 à 48 heures de séchage. « Il existe des groupes de fauche équipés de tapis andaineurs à l’arrière, annonce François David. Cela convient bien pour la méthanisation, mais pas pour du fourrage, qui n’est pas suffisamment séché. »

« Si on attend trop, le fourrage jaunit au cœur de l’andain et on perd de la qualité », poursuit Yohann Supper, l’un des quatre salariés de la SCL.

L’andaineur frontal évite de rouler sur le fourrage. ©L. Vimond

 

UN OUTIL IDÉAL POUR LA LUZERNE

Les associés ont donc opté pour un groupe de fauche avec conditionneur fauchant à plat suivi, après un temps de séchage du ramassage avec l’andaineur à tapis. « Sur les 33 kg de semence implantés à l’hectare dans nos prairies temporaires, il y a 11 kg de graines de luzerne et 6 kg de trèfle, indique François David. Pour éviter de perdre trop de feuilles, nous sommes partis sur un andaineur à tapis, qui brasse moins le fourrage. » Selon l’éleveur, cet appareil limite l’intégration de cailloux et de terre dans le fourrage. Les associés ont porté leur choix sur une combinaison avant-arrière avec un andai- neur frontal de 3,50mètres et un modèle traîné de 5 mètres de la marque slovène SIP.

« L’andaineur avant évite de rouler sur le fourrage, apprécie Yohann Supper. On ramasse 8,50 mètres à chaque passage à des vitesses comprises entre 12 et 18 km/h, selon le volume de fourrage. Et le faible diamètre du pick- up permet de ramasser plus facilement les petits brins d’herbe. » Flexible, le pick-up offre un bon suivi de sol et donc une bonne qualité de ramassage, en s’appuyant sur des patins en forme de disques. De plus, l’ensemble acheté 75 000 euros HT était 20 000 à 25 000 euros moins cher que des modèles concurrents uniquement traînés dans les mêmes ordres de largeurs de travail.

La conduite de l’ensemble demande tout de même un minimum de maîtrise. « Il faut bien coordonner le régime des tapis, depuis une molette sur le boîtier de commande, et la vitesse d’avancement du tracteur, pour former de beaux andains réguliers », explique Yohann Supper. La vitesse du tapis sert égale- ment à optimiser la largeur de l’andain, pour peaufiner le séchage tout en restant dans la largeur de 3 m du pick-up de l’ensileuse.

 

BEAUCOUP DE SOUPLESSE ET UN TRAVAIL DIVERSIFIÉ

Dans les gros volumes, Yo- hann Supper andaine en un passage, mais travaille en aller-retour, soit près de 18 m dans les petits regains. Quoi qu’il en soit, chaque brin d’herbe fauché est relevé. Le débit de chantier atteint 10 à 12 hectares à l’heure, trajets compris. « Ainsi, il faut six à huit heures pour andainer les 80 hectares fauchés chaque jour, ce qui laisse le temps à la rosée matinale de partir », explique François David. Avec son timon central et téles- copique, l’andaineur arrière offre beaucoup de souplesse et de configurations de travail, pouvant évoluer aussi bien à gauche qu’à droite et réduire la largeur de travail de l’en- semble en raccourcissant le timon ou en réalisant deux andains – un pour chaque appareil – en allongeant la flèche. De plus, une commande permet d’inverser le sens de rotation des moteurs hydrau- liques des tapis, autorisant le changement du côté où est déposé le fourrage, tout en conservant le même régime de rotation.

Pour emmener l’ensemble, un tracteur de 160 ch suffirait sur des parcelles planes. « Il n’y a pas de besoins hydrauliques importants, explique Yohann Supper, car il y a une centrale hydraulique sur l’andaineur arrière qui anime les deux andaineurs. Mais dans les parcelles vallonnées, il faut 180 ch pour être à l’aise. »

Au transport, le pick-up de l’andaineur arrière pivote pour optimiser le gabarit de la machine. ©L. Vimond

 

L’ANDAINEUR RETOURNE LA PAILLE

L’andaineur à tapis a trouvé une autre utilisation l’été dernier.

« Malgré un été globalement sec, nous avons subi un épisode pluvieux au cours de la moisson, mouillant par la même occasion les andains de paille derrière la moissonneuse- batteuse, se souvient François David. Nous avons attelé l’andaineur frontal de 3,50 mètres pour retourner les andains et les aérer, accélérant ainsi le séchage de la paille. »

 

UNE ROTATION SUR HUIT ANS        

Avec la conversion à l’agriculture biologique, les associés ont revu leur rotation de cultures qui s’étale désormais sur huit ans. « Les quatre premières années, c’est de la prairie temporaire à dominante légumineuses, puis s’ensuivent une année de maïs, une année de céréales- protéagineux (ou de méteil), une année de maïs ou colza ou tournesol ou sarrasin et une année de céréales- protéagineux », explique François David.

 

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